3eme épisode: "Suite et Fin"
RESUME DE L'EPISODE PRECEDENT: On s'est tous présenté, on a bossé un peu, on a mangé, on a pensé à Jean-Pierre et on a causé (surtout Guitou). Puis on s'est séparé pour la nuit.
Un bruit sourd me réveilla en pleine nuit. J'avais eu beaucoup de mal à trouver le sommeil, tout enorgueilli que j'étais d'avoir été invité sous Son toit et il m'avait fallu plus de 17 secondes pour réussir à m'endormir. C'est pourquoi je fus exasperé de ce vacarme en plein milieu de la nuit. Un des volets bougea et une lumière chaude et intense m'enveloppa et m'aveugla. Pendant un instant, je fus complètement déboussolé par toute cette lumière, pensant que la maison avait été investie par des Taupe-Las pendant la nuit, et qu'il venaient m'interroger. Après avoir tenté d'ouvrir vaguement un oeil, je découvris le sourire glauque de Michel, tout fier d'avoir réussi à se lever 4 minutes avant moi. J'entrepris alors de chasser le troupeau de bisons qui continuait paisiblement à gambader au sommet de mon crâne pour m'éclaircir les idées.
Je me levai, et ouvrit la porte qui se situai devant moi. J'entrais alors dans une grande pièce blanche où se trouvaient pèle-mêle tout un tas d'appareils électronique, de fils, de livres et de disquettes. On n'atteint rarement ce niveau d'exaspération, mais là, c'était plus fort que moi. Qu'il est difficile de ne trouver que disques durs et autres imprimantes quand on ne cherche rien d'autre qu'une bonne douche et un chiotte. Quoi qu'il en soit, j'étais dans l'Art Des Choix! et il fallait que je m'en montre fier. Je m'arrangeai donc pour me redresser, de façon à ce que ma montre ne raye plus le carrelage, et j'empruntai l'escalier qui se trouvai devant moi. J'eu l'impression d'avoir atteint les plus profondes des catacombes lorsque j'arrivai au bout, tant cette translation de mon être m'avait couté cher. En arrivant en bas (Quoi? L'escalier montait en fait? bizarre ça, je n'ai pas eu cette sensation... Sûrement un effet d'optique). Bref, une fois en haut, je fus assailli par la douce odeur du café chaud, et j'entrepris de suivre mon instinct, vers la source de cet arôme. Malheureusement, j'étais loin d'être le premier, et une bonne quinzaine de corps s'ammassaient déjà dans la cuisine. La pauvre Sophie produisait du café qui était aussitôt goulument ingurgité, sans même prendre le temps d'un merci. Je me scotchai donc dans un coin de la cuisine en attendant que le calme revienne.
Ce n'est que bien plus tard dans la nuit (Oui, je sais, il faisait jour, et il était marqué Midi sur la pendule... Mais c'est sûrement dû au décalage horaire. En tout cas, moi, j'avais encore envie de dormir!), que Klaus et moi pûrent enfin goûter ce sublime nectar, qui malgré son incroyable onctuosité eut tous les mals pour décoller ma langue de mon palais. Malgré tout, je me sentis en meilleure forme (mais je n'ai pas encore deviné en forme quoi. Quoi que vu la gueule que j'ai sur les photos, ça ne devait pas être beau).
Je redescendis alors vers ce qui avait été ma chambre d'une nuit, espérant glâner quelques instants de repos supplémentaires, mais ce que j'y découvris me remplit de dépit. Toutes les portes fenêtres avaient été ouvertes, donnant sur un magnifique jardin tout ensoleillé (à une heure correcte, ça aurait pu être agréable). La pièce était pleine d'individus hurlant et gesticulant qui faisaient encore plus de bruit que les bisons de tout à l'heure. Pire encore: ce qui avait été mon lit quelques heures auparavant était maintenant un vaste bar sur lequel s'étalaient des dizaines de bouteilles. Un individu que je n'ai pas identifié à ce jour (quoi que j'ai ma petite idée là-dessus... et vous?) m'entraina vers le bar, et me poussa alors à penser à Jean-Pierre. J'eu beau protester, ce fut peine perdue. Une fois cette pensée avalée, je restai figé. J'avais l'impression de ressembler à un plat de lasagnes: avec plusieurs couches, et gratiné sur le dessus.
Il fallait pourtant que je réagisse. Des choses importantes allaient probablement se passer dans les heures à venir, et il fallait que je sois à même des les appréhender correctement. Je sortis dans le jardin (En tee-shirt! oui oui oui ma p'tite dame! et il ne faisait même pas froid!) et marchai quelque pas entre les voitures stationnées là. Ce me rappelai vaguement le parking de Mammouth un samedi matin, avec la boue et les enlisements en plus... Je me retournai alors pour observer un peu mieux l'aspect extérieur du QG. Il avait l'aspect d'une maison d'habitation, assez imposante. Un balcon faisait le tour du premier étage. Le rez de chaussée, était complètement ouvert sur une terrasse sur laquelle se trouvait tout un tas de monde, dont les visages me rappelaient vaguement quelque chose. Je fus soudain pris d'un fou rire, en regardant tous ces visages. Je n'étais pas le seul à ressembler à un plat de lasagnes! On se serait cru dans un gigantesque restaurant italien... Et au milieu de tous ces plats se baladait un berger en espadrilles (oui, je sais, c'est pas les moutons, c'est les chèvres qu'IL garde... Mais comment ça s'appelle un gardien de chèvres?) qui se léchait les babines... J'en étais là à rigoler tout seul quand une intense sensation de froid me parcouru le dos, ce qui eu pour effet immédiat de faire disparaitre en moi toute vélleité de continuer à rire. Je me passai la main dans le dos pour découvrir que mon tee-shirt était complètement trempé. Je levai un regard interrogateur vers les cieux, qui pourtant me parraissaient toujours aussi cléments. Ce n'est que bien plus tard que je comprendrai ce qui venait de m'arriver.
Sophie fit alors son apparition sur la terrasse bondée, les bras chargés de divers plats, aux relants tous plus alléchants les un que les autres. Je me précipitai alors vers cette innatendue apparition, mais une fois encore, je fus loin d'être le seul à choisir cette option... Il fallu donc qu'une fois encore je me scotche dans un coin en attendant que Guitou soit repu, ce qui n'est pas une mince affaire...
J'étais donc là, tranquille dans mon coin, encore à essayer péniblement de soulever mes deux paupières en même temps, lorsque je vis surgir devant une sorte de petit lutin qui se présenta à moi armé d'une lance d'environ 2m50 (pour un boutchou d'environ 1m, ce qui n'est pas rien). "Bonjour, je m'appelle Nicolas. Tu veux te battre avec moi?". Je n'eu pas le temps d'esquisser le moindre soupçon de réponse que déjà tournoyait autour de moi cette immense lance, sifflant à mes oreilles. Je gardai mon calme en me disant que cela ne pouvait être qu'un mauvais rêve quand j'eu l'impression qu'on m'arrachait un gros morceau du bras. J'ouvris alors grand mes yeux (cette histoire a au moins eu l'avantage de me réveiller) ce qui eu pour effet immédiat de réjouir mon cruel adversaire. Satisfait du résultat obtenu, il appela aussitôt à la rescousse son jeun frère (Damned! Il y en aurait donc un autre!) qui apparu aussitôt, fier comme Artaban, armé d'une espèce d'énorme bazooka jaune fluo. J'étais totemisé! L'un me tournait autour en me donnant de petits coups de lance de temps en temps, pendant que l'autre prenait un malin plaisir à me vider son chargeur à la figure. Cette sensation de froid et d'humidité me rappela alors quelque chose. Je couru alors vers un monceau de jouets posés là, à la recherche d'un instrument qui me permettrai de me défendre. Je mis bientôt la main sur un second exemplaire de ces bazookeau, qui fut aussitôt rempli au robinet du garage. Comme je me retournai pour partir à l'assaut de mes vaillants adversaires, je LA vis descendre quatre à quatre les escaliers en criant: "Les enfants! j'ai dit qu'on ne jouait pas avec l'eau!". Il est des cas comme celui là où on ne sait pas toujours où se mettre... Histoire de reprendre pied, j'insistai: "Oui les enfants! il ne faut pas jouer avec l'eau, sinon, on va tout mouiller!". Je gardais néanmoins mon arme a portée, en cas d'attaque surprise.
Comme l'engouement pour le repas était légerement désamorcé, j'en profitais pour me sustanter un peu quand mon petit Nicolas se présenta à nouveau devant moi: "Cédric, viens jouer au foot avec moi". Rongtudju! Quand on pense que je déteste le foot! "Attends Nicolas, je n'ai pas fini de manger... On verra ça tout à l'heure". J'espérais au plus profond de moi que, dès le repas terminé, nous nous remettrions tous ensemble au travail. Je n'y pensais donc plus et continuai à me repaitre tranquillement, en bafouillant de temps en temps quelques mots à l'intention de mes camarades, lorsque Sophie vint me prévenir qu'il fallait absolument que j'aille jouer au foot avec Nicolas. Diable! J'allais avoir bien du mal à y échapper. Elle m'invita alors à jeter un oeil par la fenêtre. Je découvrais mon petit Nicolas, planté en haut d'un arbre, qui cria à mon intention: "Cédriiic! Je ne descendrai de l'arbre que quand tu viendras jouer au foot avec moi!". J'essayais de prendre la chose à la rigolade, lui demandant de redescendre, arguant qu'il risquait de prendre froid (alors que j'avais du mal à supporter mon tee-shirt), ou encore qu'il risquait de tomber (alors qu'il semblait bien plus agile que nous tous réuni). Mais alors que 20 minutes plus tard il n'était toujours pas descendu, et comme son dynamique Papa ne semblait pas vraiment prêt à démarrer quoi que ce soit de sérieux, trop occupé à essayer de déplacer le poteau contre lequel il s'appuyait vainement depuis plusieurs heures, je me décidai à faire descendre de son repère ce petit garnement.
Ce fût un match mémorable avec des plongeons, des buts et autres "Ben pourquoi patron?"... Essouflé de nos efforts (disons que moi, j'étais essouflé. Lui, il aurait bien continué...), nous décidâmes d'un commun accord avec moi-même de nous arrêter. Marlène en profita pour nous subtiliser le ballon, qui semblait beaucoup intéresser son fidèle compagnon, bien qu'il lui faisait un peu peur (on sait jamais, ça peut être dangereux un ballon dont on ne sait rien...). Nicolas, qui s'était eclipsé dans le garage, réapparu très rapidement, équipé de son bazookeau et me menaca aussitôt. Je plongeai alors vers l'endroit où j'avais auparavant dissimulé de quoi me défendre. Il s'ensuivit une intense fusillade, au cours de laquelle les "rafales perdues" furent nombreuses. Vincent, Guitou, et même Philippe et bien d'autres furent atteints au cours de la bataille. Les armes changèrent de main (je gardais la mienne en fait, mais lorsque Guitou, 238kgs, se présenta devant Nico, 12,5 kgs tout mouillé, ce dernier ne put faire autrement que de cèder) et la bataille s'intensifia. A la clé, des courses poursuites dans le jardin, puis sur la terrasse, puis dans la maison même, où certains n'hésitèrent pas à tirer quelques rafales, malgrés les remontrances de la "Femme de SysOp" présente.
Sur la fin de l'après-midi, la bataille s'apaisa (surtout à partir du moment où j'ai caché tout ce qui pouvait lancr de l'eau dans le coffre de ma voiture), et nous créames un cercle fraternel dans le jardin, pour échanger quelques dernières idées avant de nous séparer pour longtemps. Ce moment difficile arriva malheureusement beaucoup trop rapidement. Et malgré quelques derniers échanges de rafales, quelques embourbements, ou une course poursuite d'escargots sur l'autoroute avec Fabrice, nous étions bien tous en train de réaliser qu'il fallait malheureusement nous quitter.
La route fut longue et difficile et, comme la plupart des présents, à peine arrivé chez moi, avant de reprendre mon activité de couverture, j'essayais de prendre des nouvelles de mes compatriotes. Je découvris avec joie que rien n'avais changé, et que, si la présence électronique n'était pas une présence physique, elle n'en constituait pas moins une présence. La vie des SysOps reprenait son cours normal, Edmond découvrait encore de nouvelles commandes dans la documentation de FrontDoor (en tant que support de ce super logiciel, il s'astreint à lire 10 lignes de la documentation toutes les semaines, ceci afin d'acquérir une parfaite connaissance de son produit), Attila avait trouvé le temps, en plantant une cliente (je le sais, j'ai appelé au magasin), d'allez voir Alladin sur les écrans. Bref, tout allait bien, et j'étais heureux.
Mais ceci est une autre histoire...