------------------------------------------------------------------------------ * Le Cri du BarJoTrOn (2 ème époque) * ------------------------------------------------------------------------------ Fiction publique écrite par Ythier, Touriste, Sheena, Requiem, Esc, Eudoxe, DJ, ClyS ------------------------------------------------------------------------------ Dans la grande cité Gaztxeq la petite vie de Jarbo Pipo se déroulait maintenant paisiblement depuis de nombreuses années. Son mariage avec la douce et subtile Coccinel avait été une réussite. Il lui avait donné quelques mutants adorables, qui étaient devenus grands... C'est à peine s'il pensait encore à ces temps sombres et anciens, en passant devant la "Beautiful Landrette" qui autrefois avait été un certain bar dont il refusait obstinément de raconter l'histoire... Toutes ces années, il s'était efforcé d'oublier son amour pour la divine Margaux, la messagère du BarJotron. Il s'était efforcé d'oublier qu'il avait honteusement failli à sa mission et que le BarJotron se mourrait encore sur la planète Schuizz sous le pouvoir maléfique du Grand Schmurtz et de son âme damnée, le sorcier Gargamou...Il s'était efforcé d'oublier que la mort du BarJotron entraînerait la disparition totale au sein de la galaxie de ce sentiment bizarre qu'on appelait..."l'Amour". Il s'était efforcé d'oublier, depuis tant d'années... Coccinel même ne connaissait pas Margaux et la place qu'elle avait tenue dans le coeur de Jarbo. C'est ce qui valut à ce dernier une frayeur inattendue. Le printemps se faisait plus clément, les senteurs de l'été envahissaient Paris. Jarbo et Coccinel aimaient se promener dans le jardin du Luxembourg à l'ombre des cerisiers en fleurs. Et ce qui devait arriver arriva... Ce matin-là, le couple insouciant, assis sur leur banc, enlacé, regardait s'ébattre les canards sur l'eau, quand Jarbo crut être en proie à une vision...Il avait aperçu sur l'autre rive de la mare, une créature ravissante dont les yeux bleus d'azur semblaient le fixer tristement. Bien qu'ils fussent à plusieurs dizaines de mètres de distance, il n'en pouvait détourner la tête. Bien sûr, Coccinel ne ressentait rien et elle contemplait toujours la mare, rêvant de belles demeures avec de superbes jardins à la Française comme on en faisait au temps jadis. Mais bientôt, Jarbo se leva et se dirigea d'un pas un peu hésitant vers celle qu'il croyait reconnaître. C'était bien elle, sans doute ! Sacré nom d'un Wizz à Tire-bouchon ! C'était incroyable que vingt ans plus tard, elle n'ait même pas pris une ride. Elle était flamboyante, comme autrefois. Jarbo ne fut même pas étonné qu'elle ne soit pas surprise de le voir. Elle lui souriait gentiment comme s'ils s'étaient quittés la veille. Il était un peu géné, et ne sachant trop que dire, il se tourna vers Coccinel et dit à Margaux: - "Heu...ma femme..." Margaux continuait à sourire, ce qui le rendait de plus en plus mal à l'aise. Il se sentait ridicule et ça le paralysait. Il faut dire qu'il l'avait plaqué sans gloire et un peu vite, mais c'était si loin maintenant... Elle finit par laisser tomber, distraite : - "Je puis faire quelque chose pour vous, monsieur ?" Jarbo eut peine à contenir sa surprise et tomba assis sur le banc, sous les yeux de Coccinel, effarée. Margaux quant à elle ne semblait pas autrement gênée, et faisait mine de s'en retourner au moment où Coccinel lui demanda : - "Excusez-moi...Mais... Qui êtes-vous au juste ? Mon mari semble vous connaître..." Margaux fut bien évidemment un peu embarassée car l'histoire n'était ni facile à raconter, ni plausible... - "Hum... J'ai connu votre mari il y a une vingtaine d'années. Il a un peu changé, je l'ai à peine reconnu...", bafouilla t-elle. Quand le mari en question reprit ses esprits, il put entendre les deux amours de sa vie en discussion animée sur son propre compte. Bien qu'il n'ait pas grand chose à apprendre il tendait l'oreille, mais les deux femmes s'aperçurent vite de son intérêt et s'arrêtèrent net. - "Je vois que vous avez fait connaissance", dit-il..."Mais... Margaux ?" Elle venait de s'enfuir à toutes jambes, déjà sa silhouette, lointaine, se détachait sur le disque rouge du soleil couchant. Jarbo resta cloué sur place. Comprenant de moins en moins la situation. Il ne savait pas très bien quoi faire. Cependant, l'apparition subite de Margaux dans ce jardin alors qu'elle n'y venait jamais et l'attitude qu'elle avait eu à son égard ne semblaient rien présager de bon. En effet, comme on l'a déjà dit, Jarbo, lors de sa rupture avec Margaux, avait fait tout son possible pour oublier cet épisode... Mais depuis tant d'années, s'il avait oublié Schuizz et le BarJoTron, le grand Schmurtz ne l'avait pas oublié,lui... C'est à ces conclusions pénibles mais évidentes qu'arrivait Jarbo, après une nuit blanche, alors qu'une nouvelle journée ensoleillée s'annonçait. Il savait maintenant que le BarJoTron et son geôlier allaient descendre sur Terre pour négocier. Négocier quoi ? Telle était la question à laquelle Jarbo aurait aimé répondre si Coccinel ne l'avait pas tiré de sa torpeur et de sa perplexité à l'aide des moyens les plus efficaces dont elle disposait pour lui. Ce qui lui paraissait le plus injuste était que ceci arrivât alors que sa vie était aujourd'hui tranquille, établie et sans histoires... Il n'avait vraiment pas envie d'en entendre reparler. Et cependant, il était une mission qu'il n'avait pas accomplie : sauver le BarJoTron. Sur la planète Schuizz un an seulement s'était écoulé, et l'affaire y était donc encore toute fraîche. Jarbo résolut donc d'imposer sa volonté au grand Schmurtz : pour cela, il lui fallait d'abord retrouver Margaux, seule capable de communiquer avec le BarJoTron. Il attendit donc patiement que Coccinel le laissa seul pour se précipiter au Luxembourg une nouvelle fois, espèrant y retrouver Margaux là où elle lui était apparue. Il marchait doucement sous les platanes au milieu des enfants qui soulevaient une poussière qu'il ne supportait pas. Lorsqu'il arriva au grand bassin il remarqua un petit bateau qui flottait drolement bien et dont la voile reflétait les rayons du soleil d'une manière extraordinaire. Il le regarda s'avancer vers lui, se pencha sur l'eau pour essayer de l'attraper. - "Vous pensez peut-être qu'il a des jambes ce bateau ?" lui dit un homme derrière lui. Jarbo surpris tomba dans l'eau. L'homme l' aida à sortir du bassin et lui dit: - "Je suis l'Ambassadeur. Venez chez moi vous changer, je vous expliquerai." Jarbo le suivit un peu à contre coeur, mais il n'avait guère le choix. C'est dans un salon somptueusement rococco et près d'un âtre crépitant que l'ambassadeur lui expliqua qu'il était envoyé par le Barjotron pour annoncer son arrivée dans les prochains jours, vu qu'ils avaient perdu toute trace de Margaux. - "Margaux ? Mais je l'ai vue hier !" s'étonna Jarbo... - "Non, c'est faux !", répondit l'autre d'un ton sec. Jarbo, qui venait de se jeter à l'eau, apprécia peu cette dissonance, et, devant tant de mauvaise fois, s'emporta: - "Mais qu'est-ce que vous voulez dire ! Je sais bien ce que j'ai vu, tout de même !" - "Un: ce n'est même pas sûr... Et deux je ne veux dire qu'une seule chose... la femme qui vous souriait N'ETAIT PAS Margaux..." - "Evidemment...", songea-t-il en s'approchant du feu, "Margaux ne m'aurait pas souri, elle..." A vrai dire, il était soulagé...L'idée que Margaux ai pu l'appeler "Monsieur" lui était intolérable... Il se retourna vers l'Ambassadeur qui lui tendait un verre... - "Mais, qui était-ce alors ? Ce n'était pas un hasard, puisque vous voilà aujourd'hui..." L'Ambassadeur leva son verre et le vida d'un trait. Jarbo en fit autant, avec plaisir. - "Non, ce n'était pas un hasard...Ce que tu as vu hier était la projection de Gargamou, le sorcier du Grand Schmurtz. Il se préparait à t'annihiler au moment ou je suis intervenu. La vrai Margaux, s'est échappée de leur forteresse et ils ont pensé que tu étais une piste possible...avec raison d'ailleurs..." L'ambassadeur semblait soudain absent. Il posa son verre, se planta devant Jarbo et repris : - "...avec raison d'ailleurs...car... JE suis MARGAUX !..." Sur ces paroles, Jarbo tomba dans les pommes, et ne se réveilla que bien plus tard, au son de "La Cloche Division", le groupe officiel de l'année choisi par le ministère de la libre pensée. Quand il ouvrit peu à peu ses yeux mi-clos, il était curieux de savoir ou Margaux l'avait amené. Vingt ans après, enfin il l'avait retrouvée ! Dans sa joyeuse hébétude, il s'attendait à revoir le vrai visage de la jeune femme qu'il avait connue... - "Hummm... oui... jolie, jolie..." murmurait-il... Il eut un mouvement de recul...Margaux n'avait rien avoir avec le gorille haletant qui était en train de le gifler pour le réveiller. - "Non, vous vous foutez de moi, maugréa-t-il à mi voix. Vous avez vu le pif que vous avez ? Non...! C'est pas possible ! Vous connaissez Cléopâtre ? Eh bien à côté de Margaux, c'est de la bibine..." - "Bon, ça suffit maintenant !", répliqua l'Ambassadeur un peu vexé, "Tu comprendras quand tu voudras, mais pour l'instant, relève-toi, il faut partir..." - "Hé ! attendez ! Coccinel ne sait même pas que je suis ici !" - "Justement, parlons en... Tu as vu discuter Coccinel avec Gargamou hier, n'est-ce pas ? Hé bien aujourd'hui ta femme est avec lui en route vers Schuizzz." Jarbo était à deux doigts de perdre patience. Il commencait à comprendre ce qui allait arriver... Mission impossible... Vingt ans après... - "Eh bien allons-y...", dit-il avec résignation. Il ferma les yeux et attendit de se retrouver, comme par le passé, nez à nez avec une créature bizarre et pantelante. Mais rien ne se passa. - "Non.", dit l'Ambassadeur, "Cette fois ci il faut vraiment partir. Il ne s'agit plus de se projeter. Il faut faire le voyage. Je te donne rendez vous à 19 heures à la brasserie "Beautiful Landrette", tu te souviens je suppose ? Je t' expliquerai là bas...