C'est pour un soir je crois Que l'on meurt et s'éparpille. Qui ne veut une fois Vivre sans loi, sans famille Qui ne pense une fois S'endormir et sans répit Rêver, rêver encore. L'amour, le monde, une vie, Des bourgeons à éclore, De la branche et de ses fruits... C'est ainsi qu'un soir elle est partie Sur les chemins douloureux de l'oubli, Disait-elle, car enfin, qui sait, Qui connait la douleur de ces voies là...? En tous cas c'est comme ça qu'elle s'en alla. Loin, le plus loin qu'elle pouvait, qu'elle savait. Elle cherchait au coeur des forêts La chaleur, le calme ? La beauté, la joie ? La tristesse, l'ennui ? L'ombre des futaies ? Pensait-elle au bruit de ces pas ? Mais voulait-elle les suivre seulement... Regarde, elle revient vers moi. La nuit a enveloppé son chant maintenant, Et même a suspendu le temps. Elle s'endort au creux de mes bras... Enfin, elle rêve, oui, regarde sa course... Vois ses cheveux dans le vent, Les étoiles sur sa frimousse... Pas de doute, elle EST maintenant. Mais le sait-elle seulement ? Il n'est pas si tard ma belle, Si tu ouvrais tes yeux Et si tu pliais tes ailes Tu verrais le bon Dieu... Ne sais tu pas, qu'au delà Des rêves et des mirages Dorment sur d'autres rivages Tous tes enfants déjà Ivres de venir bientôt, Tristes de n'être pas Encore sur la photo De ce monde si vain ? Mais en attendant le matin Ma belle, garde tes secrets Garde ton chagrin... Moi je garde mes regrets.