Le Cri du BarJoTron (2 ème époque) 4 ème épisode Le noir l'entourait, angoissant... Les bruits de pas se faisaient de plus en plus réguliers, de plus en plus proches aussi... Coccinel se surprit à penser que JarBo aurait pu lui être d'un grand réconfort : elle se mit bientôt à rêver qu'il était là, qu'il la tenait dans ses bras pour la rassurer, et que cette tendre étreinte arrêtait le temps, les laissant là, figés sur le sol froid de ce couloir cave humide et sombre. L'adorable petit animal, le Mogwaï, ne comprenait pas bien l'attitude de Coccinel. Tout à l'heure tendue mais souriante, elle avait l'air maintenant si pensive, absente, comme si une araignée vicieuse lui rongeait les méninges petit à petit, comme si elle n'avait plus l'impression d'avoir une seule raison de courir après son pauvre JarBo. Les pas se rapprochaient encore. Le Mogwaï semblait, lui aussi, de plus en plus inquiet. Avantagé par sa capacité à voir dans l'obscurité, il pouvait se diriger dans le labyrinthe, mais son instinct le poussait à ne pas quitter Coccinel. Cependant, les pas devenaient plus sonores, comme si les fantômes des mineurs revenaient à la charge. Malgré sa peur et le petit animal elle fini par se dire qu'elle hallucinait et que bientot ces bruits de pas cesseraient et tout redeviendrait comme avant, que non ce n'était pas la réalité, que oui elle était en plein cauchemar ! Elle ne pouvait plus distinguer que le bruit résonnant de ces pas sur le bitume mouillé de la voie. Oui il pleuvait, il pleuvait et faisait froid comme dans beaucoup de cauchemars... Mais alors s'il pleuvait c'est qu'elle était... à l'air libre...Cette pensée lui redonna une bouffée d'espoir. Dans le brouhaha cadencé des pas, elle lui semblait distinguer une mélodie qui lui était familière...Elle tendit l'oreille...Oui c'est bien ça...Elle entendait : "Haïli ! Haïlo ! On rentre du boulot ! Haïli, haïlo ! On rentre du boulot ! Haïli ! Haïlo !" . Et elle se mit à rire, d'un rire sonore, presque tonitruant, mais le coeur rempli d'amertume...ShowBizz, le mogwai, leva un sourcil inquiet. Aussi vrai qu'elle n'était pas Blanche-Neige, ces pas n'appartenait surement pas aux sept nains, se dit-elle... En effet, le groupe qu'elle commençait à distinguer était composé d'une douzaine de géants revêtus d'un uniforme moyen-ageux. Ils avançaient dans sa direction. ShowBizz poussa un petit couinement, sans réfléchir Coccinel alla se terrer à côté de lui dans une cavité du mur. Celui des géants qui semblait être le chef brandissait un trophée incongru. Quelque chose comme une tête de Zébulon surmonté d'un chapeau haut de forme. Ils ne chantaient plus maintenant. Visiblement satisfait l'un d'entre eux hurla en éclatant de rire : - "Rhâaa, hähâhähâ...Encore un putain d'gougnaffier qui nous emmerdera plus...Gnâhäaaahâhâaaark !" Et le reste de la troupe rigola visiblement de bon coeur. Le Mogwai frissonna de dégoût en remuant les oreilles, Coccinel fondit en larmes, à bout de nerfs... _______________________ A trois lieues de là. JarBo Pipo était aux prises avec Le Laquais.: - "Mais enfin être stupide et dénué de sens commun, je t'avais bien dit que le fruit du Farigondas faisait pousser les dents. Mais non Monsieur sait tout, Monsieur a la science infuse ! Enfin Margaux regarde le ! Tu trouves que c'est discret comme arrivée, avec ce laquais de carnaval qui se prend pour Dracula ?" - "Calme toi mon chou-trésor, je suis sûr que mon cher frère n'a pas fait ça au hasard..." Le laquais regardait Margaux d'un air exaspéré et impuissant et articula: - "Che te préfiunt Margaux, fe pitre qu'on traîne afec nous depuis le téput de l'hiftoire, ne me fait abfolument plus rire tu tout !!" Margaux eu du mal à réprimer un sourire et tourna la tête pour réprimander JarBo du regard... La cité n'était plus très loin, probablement ils l'atteindraient dès demain si ils ne gaspillaient pas leurs derniers tickets de temps. Ils avaient du resquiller à la frontière Sbarcio-Jantorelle; ils s'en étaient sortis de justesse en soudoyant à prix d'or un mercenaire obtu d'origine Elyséenne qui les avait cachés dans son chargement de fumier reconstitué à base de bouses de vaches mutantes. Ils avaient fini par s'habituer à l'odeur, mais par contre ils n'avaient plus assez de Pèsnas pour s'acheter le nombre de ticket de temps qui leur étaient nécessaire pour remplir à bien leur mission. Tout le monde en était conscient, même JarBo. C'est pourquoi le climat du petit groupe était relativement tendu... - "Y n'empêche que si ton zouave de Laquais n'avait pas éternué dans le transporteur, on n'aurait pas pris tout le chargement sur la figure...", marmonna JarBo énervé... - "CharPo, fi tu ravoutes un feul mot, ve t'étripe !! Tu as enpendu Margaux, un feul mot et ch'en fait de la pouillie !!" Margaux soupira... _______________________ Coccinel s'était calmé. La troupe de géants était passée devant eux sans remarquer quoi que ce soit. ShowBizz la guidait maintenant sans hésitation à travers le labyrinthe. La pluie avait cessé. Le jour pointait doucement sur les collines environnantes. Coccinel reconnu la cité mythique, la cité à la civilisation modèle qui avait soi-disant disparu au XXIII ème siècle dans une attaque infra-sonore intergalactique. Tout y était, les statues colossales, le temple protodémiurgique. Tout ce qu'elle avait tant de mal à apprendre autrefois dans les manuels : la ville de Xux ! ____________________